jeudi 31 décembre 2009

Où est passé mon JT ?

Le 13h de La Une de ce samedi 26 décembre 2009 s’est clôturé sur une info de première importance : Charlie Sheen a été arrêté par la police pour avoir cogné sur sa femme. Un commentaire sensationnaliste, des images d’archives où l’on voit l’acteur et son épouse, en gros, un reportage people sans intérêt et qui n’a pas coûté un balle à la RTBF… Mais pourquoi un reportage people sur un acteur américain de séries télévisées dans le journal de la chaîne publique belge ?

Ce n’est pas la première fois que le JT de la chaîne publique nous abreuve d’inepties et cela semble même être devenu une habitude d’avoir des infos people. Il est maintenant devenu tout à fait normal que l’on doive subir les images d’Obama en famille ou avec son clébard, ou encore les vacances du couple Sarkozy sur leur yacht.

Selon quel(s) argument(s), ces informations people ou de "seconde zone" apparaissent-elles dans le JT d’une chaîne publique ? Pourquoi le JT préfère parler du chien d'Obama ou des péripéties sentimentales de Sarkozy, plutôt que de proposer des reportages sur la politique nationale ou internationale plus fouillés?

SVP, stop aux infos people plus inintéressantes les unes que les autres, stop aux "bons clients" qui squattent les studios de télévision et stop aux journalistes paresseux qui se contentent de ce genre de reportages! Quant à nous téléspectateurs, soutenons la qualité en zappant la médiocrité!

Pour illustrer mon petit coup de gueule, je vous invite à regarder l’épisode de South Park centré sur Britney Spears et qui critique la « people-isation » de la presse. En espérant que la RTBF n’arrive jamais aussi bas que le JT de Fox News parodié tout au long de l’épisode... Bon amusement!



- Benjamin Fischer -

mardi 29 décembre 2009

Mini-sondage

Juste pour le fun, n'hésitez pas à participer à notre sondage sur les bonnes résolutions pour 2010.

Votez avant le 10/01/2010 à 23h59!

lundi 28 décembre 2009

Comptes de Noël… l’insatisfaction!


Voilà, Jésus est né, on a bien mangé et on s’est bien amusé, et souvent les porte-feuilles se sont bien vidés !

      Noël c’est fini, mais en attendant l’année nouvelle et les Rois Mages, voici quelques chiffres qui me laissent un peu rêveuse :

      En moyenne, le budget des Belges pour Noël s’élève à 580 euros (dont 320 pour les cadeaux), ce qui me paraît déjà énorme, mais on y est vite, entre cadeaux, sapin et repas de Noël pour toute la famille. Et puis, comparé aux Irlandais (1339 euros) ou aux Luxembourgeois (1150 euros), ce n’est pas tant que ça. La moyenne européenne est de 600 euros. Aussi, la valeur moyenne du cadeau chez nous est 39 euros (contre 73 € au Luxembourg). Enfin, les Belges offrent 8 cadeaux (contre 18,5 en Irlande et 22 aux Etats-Unis), la majorité pour la famille.

      13% des Belges ont tout de même déclaré ne pas offrir de cadeaux (contre 7% l’an passé), conséquence directe de la crise et l’inquiétude qu’elle engendre ? Un tiers des Belges dit en tout cas que son budget Noël a diminué par rapport à l’année passée à cause de la crise.

      On adore offrir, on adore recevoir, et pourtant, 40% des gens (le double par rapport à l’année dernière) se disent prêts à revendre les cadeaux qu’ils viennent de recevoir et ¼ des gens ne sont pas satisfaits de ce qu’ils ont reçu. Quand on voit l’argent dépensé en cadeaux qui ne font pas plaisir, on ferait mieux de faire moins de cadeaux ET/OU faire des cadeaux plus «solidaires » (comme les dons-cadeaux d’Oxfam (cf. mon post d'il y a quelques jours, j’insiste, mais c’est pour la bonne cause !), d’autres associations comme Handicap International ou l’Unicef proposent le même principe). Et au lieu de revendre les cadeaux qu’on n’aime pas, on pourrait : d’abord, se rendre compte qu’on a de la chance d’avoir reçu des cadeaux et que, je le pense sincèrement, « c’est le geste qui compte », et puis offrir (et non revendre !) ces cadeaux à quelqu’un d’autre ou en faire don à une association caritative.

      Donc oui, je me situe donc dans le tiers de gens qui trouvent cette pratique de revente de cadeaux choquante –mais plus de 40 % expliquent qu’ils sont contents de savoir l’autre heureux en revendant le cadeau mal choisi. C’est moi ou cela sonne complètement absurde ? Si j’apprenais qu’on revendait un cadeau que j’ai offert, je serais très déçue parce qu’en plus de ne pas avoir fait plaisir, j’aurais pu offrir la même somme d’argent à quelqu’un qui en a vraiment besoin (je sais, j’insiste encore, mais si les mentalités changent, autant qu’elles changent dans un sens nouveau et solidaire !).

      Toujours est-il qu’eBay attend plus de 18 millions de cadeaux mis en vente dans les jours qui suivent Noël.

L’insatisfaction chronique serait-elle devenue la maladie de notre temps ?

- Mc Bouille -

Plus de chiffres :



samedi 26 décembre 2009

LE PERE NOEL EST UNE ORDURE... BELGE!

La célèbre pièce de théâtre du Splendid revisitée à la sauce belge... à voir au Centre Culturel d'Uccle jusqu'au 31/12/09. On applaudit déjà les tarifs démocratiques (15,50€ en cat. 2 pour les moins de 26 ans et plus de 65 ans)... et pour ceux qui n'avaient pas encore d'idée de sortie pour le nouvel an, une soirée spéciale St Sylvestre est prévue!

Et à propos... JOYEUX NOEL A TOUS!

-Ninfa-




En pratique
Jusqu'au 31 décembre au C.C. d'Uccle, 47 rue Rouge, Bruxelles. www.argan42.be

lundi 21 décembre 2009

Fringants écolos!

Grande nouvelle : pour ceux qui ne le savaient pas encore, la chanson québécoise ce n’est pas seulement Céline D. s'égosillant sur le pont d’un navire coulant à pic, ou autre Garou hurlant à la mort une bosse sur le dos, non non !

Il y a aussi –ouf ! les Cowboys Fringants, un groupe de copains québécois fondé en 1996 et que je qualifierais de « folklo-rock engagé ». Capitalisme, injustice, politique et environnement… mais aussi vision satirique de la vie de tous les jours, tout y passe, et ça fait du bien aux oreilles même s’il faut parfois se concentrer un peu pour comprendre les paroles… accent oblige !

Mais plus que sur la musique, c’est sur leur important engagement écologique je souhaite ici m’attarder. En effet, les cowboys ont créé leur propre fondation, au travers de laquelle ils se battent pour les causes qui leur tiennent à cœur, par exemple en consacrant une partie du prix de vente de leurs albums ou tickets de concert à la reforestation du Québec.


Parmi leurs implications, une initiative vraiment inédite : le lancement d’une « Tournée verte », totalement « CO2-free ».

Le principe ? Calculer le plus justement possible la quantité de gaz à effet de serre émis lors de déplacements du groupe et des spectateurs, et neutraliser ceux-ci par la plantation d’arbres… 35.000 environ dans le cas de leur tournée 2008-2011!

Le groupe projette d’intégrer cette démarche de « concerts verts » à la nouvelle norme sur les évènements éco-responsables au Québec. Leur expérience devrait faire office de "modèle" pour les artistes souhaitant adhérer au concept.

Il s’agit indéniablement d’une idée qui mérite d’être soutenue et largement diffusée au-delà des frontières québécoises, à l’heure où tout le monde se tracasse du climat, mais où peu de gens agissent réellement...

Alors en attendant que Céline et Garou emboitent le pas aux Cowboys, je vous offre un petit extrait vidéo live de leur chanson « Plus rien », filmée lors de leur concert à l’Ancienne Belgique en avril dernier (excusez d’avance la piètre qualité du film !).

Les textes des Cowboys, c’est pas des paroles en l’air
N'hésitez donc pas à aller les applaudir lorsqu'ils passeront en Europe :
à la clé, une belle soirée pour vous et un arbre en plus pour la Terre.


-Ninfa-







Vous voulez en savoir plus?

dimanche 20 décembre 2009

"Dons-cadeaux" Oxfam-Solidarité


En panne d’idées cadeaux (ben oui, on a déjà bien souvent tout ce qu'il nous faut)? Que diriez-vous d’offrir une marmite, des livres, une chèvre, une formation d’agriculteurs, un potager, un kit d’hygiène, ou encore un filet de pêche à votre tante ou votre frère ?

Un cadeau original que propose Oxfam-Solidarité.




      Comment ça marche ? C’est assez simple, il suffit d’aller sur le site d’Oxfam et de choisir un cadeau ainsi que la carte de voeux que vous désirez offrir. Le payement se fait en ligne, puis Oxfam vous envoie la carte et une photo représentant le cadeau choisi. Et il ne vous reste plus qu’à offrir ce cadeau original (à vos parents, votre soeur ou votre collègue) et l'argent du cadeau aidera directement des personnes qui en ont besoin –vous faites donc d'une pierre deux coups! Et vous contribuez ainsi aux projets d’Oxfam, autrement dit à construire un monde plus juste, sans pauvreté.

      J’avoue, je n’y ai pas pensé pour Noël cette année –alors que j’avais repéré cette forme originale de « dons-cadeaux » il y a quelques semaines et m’étais dit que je le ferais (c'est ce qu'on se dit toujours, plein de bonnes intentions, et puis il faut bien l'avouer, on oublie et on ne fait pas grand chose). Mais j’espère que certains d’entre vous se laisseront tenter par une petite vache ou des antibiotiques, si pas cette année, l’année prochaine, ou pour un anniversaire ! Toutes les occasions sont bonnes !

      Ah oui, les prix varient entre 5 et 150 euros. Et comme c’est une forme de don, c’est déductible d’impôts (pour autant que le don atteigne au moins 30EUR sur la même année).

      Sur ce, déjà un joyeux Noël et n’oubliez pas de cliquer sur le lien vers le site d’Oxfam, ne fût-ce que par curiosité !

- Mc Bouille -


samedi 19 décembre 2009

Les « Magasins du peuple », une bonne initiative?


On parle de crise, on la traverse, certains mieux que d’autres, mais on peut dire que de manière globale, on vit une période peu glorieuse au climat social et économique tendu et fragile. Ça, on sait, et je dirais qu’on l’accepte assez facilement... certains plus facilement que d’autres.

      Et là, paf, je tombe sur une initiative qui a l’air pas mal, du moins, de prime abord : les magasins du peuple.

      Qu’est-ce que c’est que ça ? Et bien, en gros, c’est un retour aux coopératives qui étaient apparues suite à la crise de 1929 pour ensuite disparaître dans les années 60 avec l’apparition des supermarchés. C’est une idée du PS, la mutualité Solidaris, la FGTB et l’ASBL les Travailleurs Réunis, qui en mai 2009 décident de fonder une société coopérative avec comme projet de recréer ces magasins du peuple.



      « L'idée est de proposer aux gens des produits de première nécessité, comme la viande, les légumes le fromage, à des prix concurrentiels, reprend Marc Goblet, président de la FGTB Liège-Huy-Waremme. Les produits seront achetés à des entreprises locales et en diminuant au maximum le nombre d'intermédiaires, ceux-là mêmes qui font grimper les prix dans le circuit de distribution classique. [...] Au final, je pense que sur certains produits, la différence de prix pourrait être de 20 %. »

      20% !... c’est ce qui s’appelle des prix défiant toute concurrence… et c’est peut-être là que le bât blesse. Que vont devenir les petits commerces s’ils ne peuvent pas s’aligner sur leurs concurrents ? Les initiateurs du projet défendent son aspect local –production et maintien de l’emploi– et aller ainsi à contre-courant du modèle libéral qui, selon eux, ne convient plus dans la conjoncture actuelle des choses. Ils disent vouloir lancer un modèle de société plus solidaire, ce qui est, je pense, une très bonne chose.
     
      C’est vrai, la pauvreté s’installe dans nos pays, il suffit de regarder les chiffres : les Restos du Cœur de Liège, par exemple, ont servi en moyenne 90 repas par jour en 2007 contre 126 en moyenne en 2009. Ils ont aidé en moyenne 45 bébés (lait, langes, vêtements, matériel de puériculture,…) par mois en 2007 contre 62 en 2009. On ne peut pas nier une telle augmentation. Et c’est pour cela que nous avons besoin d’un autre modèle de société. Le capitalisme, s’il ne parvient pas à intégrer la notion de solidarité dans son projet, ne peut qu’échouer, à plus ou moins long terme. Un retour en arrière tel que celui effectué vers ces magasins du peuple n’est qu’un exemple de plus de l’échec du libéralisme à outrance.
     
      Mais on ne peut s’empêcher de sentir là-dessous une sale odeur de stratégie politique un peu douteuse. En effet, les magasins seront ouverts à tous (manquerait plus ça !), MAIS les membres de la mutualité, du syndicat ou du parti socialiste bénéficieront d’une réduction de 10% (et non de 5% comme un client « normal »). Même si le parti socialiste se défend d'être discriminatoire et de toucher quelque chose de ces pratiques commerciales (manquerait plus ça !), si vous voulez bénéficier des 10%, vous savez ce qu’il vous reste à faire : devenez membre du PS (autrement dit, payez votre cotisation !) ! Ca sonne presque comme un slogan publicitaire : « devenez membre aujourd’hui et profitez de nombreux avantages dès demain ! »
     
      Que vont devenir les petits commerces qui ont déjà souvent du mal à survivre, surtout en temps de crise, si on les met en compétition avec des prix qu’ils ne pourront pas offrir à leurs clients? Peut-être que si ils prennent leur carte de membre du PS, on leur trouvera une solution?!

Le premier magasin du peuple devrait s’ouvrir début janvier à Cheratte, suivi d’autres à Blegny, Lixhe, et peut-être Fléron et Ougrée.

- Mc Bouille -

Plus d'infos:



mercredi 16 décembre 2009

Marchés et autres atrocités de Noël…

     
      Depuis de très nombreuses années, des voix s’élèvent, pendant les fêtes de fin d’année, contre la surenchère de cadeaux, la consommation à outrance et la mise au ban des valeurs de Noël comme le partage ou la famille. Sans être un catholique extrémiste qui chercherait à voir les églises se remplir à nouveau le 25 décembre ou encore un philosophe de la « bonne pensée politiquement correcte » qui veut que tout le monde ait les mêmes jolis sentiments d’amour et de partage, j’ai du mal à encore trouver un sens à ces fêtes, si ce n’est un prétexte pour pousser la population à la consommation… Peut-être pour relancer une économie aux résultats plus que douteux ces derniers mois ?!

      En plus de voir les festivités se formater via la publicité, tant au niveau des décorations, des menus ou même des vêtements, un phénomène affligeant continue de s’étendre dans nos contrées. En effet, au mois de décembre, partout dans les centres-villes, se construisent d’ignobles cabanons surchauffés abritant toujours plus d’artisanat rose bonbon, de bouffe ultra-calorique, de bougies parfumées, de pulls péruviens et de boissons aux prix exorbitants, autour desquels se presse une foule de zombies, portefeuilles ouverts et bonnets à pompons sur la tête. Sans parler des lapins en plastique, des cerfs à chapeaux lumineux et autres pères Noël automates qui envahissent les allées de ces marchés…De quoi rendre malade en moins d’une heure un homme normalement constitué !

      Ces « Marchés de Noël », que nos amis allemands ont eu le bon goût de nous inspirer, sont les représentants de ce que sont devenues les fêtes de fin d’année aujourd’hui. Le marché de la surconsommation pour ceux qui en ont les moyens… Pour les autres, clodos, chômeurs, toxicomanes, jeunes et pensionnés sans pognon, étrangers, altermondialistes, écologistes, et tous les autres « rabat-joies », ils sont priés de ne pas se montrer et de rester gentiment chez eux. Faudrait pas gâcher la photo, les gars !

      A Liège, nous avons un très bel exemple de ces marchés de fin d’année. Peut-être même le plus bel exemple, puisque la ville a autoproclamé son « Village de Noël » comme étant le plus grand d’Europe, voire du monde. Wouhou ! Formidable ! Grâce aux fiers Liégeois, Noël a enfin son supermarché, avec ses attractions à sensations fortes, ses vigiles et ses files d’attente. On aura peut-être bientôt un stand « Tradition » avec une messe de minuit toutes les heures du 1er au 29 décembre et un stand « Charité » où l’on pourra venir offrir une petite pièce au clochard de son choix, pour se donner bonne conscience entre deux verres de vin chaud.

      Non seulement, les valeurs de fête populaire et familiale sont complètement oubliées, mais en plus ces marchés diffusent une vision du monde basée sur l’hyperconsommation, un monde où le gadget est roi et où l’énergie est lamentablement gaspillée dans le « je-m’en-foutisme » le plus total. Ne s’agit-il pas d’un anachronisme aberrant dans le monde d’aujourd’hui où le monde politique et la télévision nous bourre le crâne -avec raison, je pense- de discours sur l’écologie, le réchauffement climatique, la consommation citoyenne et le commerce équitable ?

      Que pouvons-nous faire ? Déjà, rien ne vous force à vous rendre sur ces marchés, même si vous avez du pognon plein les poches. Mais ce dont je veux parler ici, c’est d’une initiative originale et qui m’est parvenue par mail. À Liège, entre l’espace Vinâve d’Ile et la rue du Pot d’Or, ce vendredi 18 décembre vers 18h30, un appel est fait à tous les Liégeois qui veulent fêter décembre autrement de descendre en ville avec leurs chaises, instruments de musique, bières en cannettes, thermos de vin chaud et autres boukêtes, pour un moment de fête placé sous le signe de l’humain et du partage. Ah, oui, il n’y aura rien à vendre et il n’y a aucun organisateur attitré, juste l’envie de se retrouver…
- Benjamin Fischer -

[Retrouvez l'événement sur Facebook]



Sans-abris à Londres : un beau conte de Noël ?





Fin octobre, je débarque à Londres. Une grande enseigne « A Christmas Carol » trône à l’entrée d’Oxford street. Et on pourrait presqu’y croire, au conte de Noël.

Car l’absence de sans-abris est frappante au centre de Londres. Il n’y en a ni dans le métro, ni dans les grandes artères commerçantes, ni dans les petites rues, ni le soir, ni le jour. Au début, j’ai trouvé cela plutôt bien. Au bout de 24 heures, c’est devenu carrément louche.


Comment imaginer une ville telle que Londres, chère, touristique, à forte population étrangère, aussi peu touchée par la mendicité ?

Il y a un truc, évidemment.

D’abord, en 1998, Tony Blair, premier ministre de l’époque, a mis en place un plan de lutte contre le phénomène du sans-abrisme, visant à réduire de 70% le nombre de « rough sleepers » (« sans-abris de la rue ») en Grande-Bretagne, entre autres par la création de structures d’accueil adaptées, la réintégration à la communauté dans la mesure du possible, ainsi qu’une analyse des racines du problème et la recherche d’une prévention efficace. Ces actions ont porté leurs fruits, et le pays s’est ainsi vu largement cité en exemple au cours des dix dernières années.

A Londres même, des « équipes de contact et d’évaluation » (CAT) sillonnent les quartiers clés et privilégient le contact persistant avec les sans-abri, ainsi que la collaboration avec les foyers, les services de santé, de soutien à location, mais aussi la police.

Néanmoins, lorsque je lis qu’il y a un an, l’actuel premier ministre Gordon Brown s’est fixé le challenge de ramener à 0 le nombre de sdf, qu’il est directement soutenu par le Maire de Londres qui en a fait son cheval de bataille, leur but étant de rencontrer leur objectif en 2012... date à laquelle Londres accueillera les prochains jeux olympiques, je me dis que les motivations ne sont peut-être pas aussi nobles que l’on voudrait nous le laisser croire.

Car en fouillant davantage, il apparait rapidement que malgré l’apparente généreuse politique mise en place, tout n’est pas rose. On recense à Londres un taux de sans-abris deux fois supérieur au reste du pays. Et plus de 50% des enfants y vivent sous le seuil de pauvreté, au sein des communautés étrangères particulièrement. Peut-être font-ils partie de ceux que l’on appelle «les SDF cachés», ces familles mal-logées qui occupent des habitations de fortune surpeuplées…



La gestion des sans-abris est par ailleurs tout à fait décentralisée et varie d’un district à l’autre (33 en tout), on retrouve donc autant de manières d’aborder le « problème » que de quartiers. Et selon un membre du GLA (l’administration chargée de la gestion du Grand Londres), « les méthodes de certaines autorités, qui pourtant font leurs preuves en termes de résultats, font parfois débat. » Il semble en effet que la police n’hésite pas à « déloger » les sdf récalcitrants et ne leur facilite pas la vie s’ils refusent les services d’aide mis à leur disposition. Dans le quartier de La City par exemple, la verbalisation est systématique pour les personnes vivant dans la rue.

Sans oublier les caméras de surveillance qui permettent de repérer et évacuer les mendiants gênants. Londres est, faut-il le rappeler, une des (si pas LA) ville où la vidéosurveillance est la plus importante.

D’après certains, ces mesures ne feraient que repousser les sdf vers des quartiers périphériques, moins surveillés.

La vérité se situe probablement à mi-chemin entre ces deux points de vue : des actions sont bien en cours, mais elles semblent parfois teintées d’hypocrisie... Espérons simplement qu’elles soient efficaces à long terme et évitent de rejeter plus loin les problèmes, car au delà des jeux olympiques, au-delà de la propreté et la tranquillité des rues et autres bouches de métro, c’est la vie de centaines de personnes qui se joue…

- Ninfa -


« La Saison des Flèches. Omaka Wanhin Kpe» de Stento & Trouillard


      « Mettez un Indien dans votre vie », « Le Far-West à la maison pour 19 euros seulement », c’est ce que propose Mulligan’s Tradition Inc., une entreprise américaine qui dès la fin du 19ème siècle entreprend de mettre les Indiens en conserve et de les vendre. Plutôt tentant comme idée… ou pas.



      D’une flèche plantée au pied du lit d’un couple français qui vient d’acheter une de ces familles indiennes en conserve naît un arbre à flèches qui ne cesse de prendre de l’ampleur tout au long du livre, amenant de plus en plus d’ « indianité » dans la vie du ménage. Petit à petit, leur appartement se transforme en Plaines du Wyoming que traversent des bisons, le couloir devient un canyon, les chercheurs d’or accourent. Les deux « mondes » se superposent et s’entremêlent, créant des situations absurdes et drôles. 

      Mais au-delà du « western d’intérieur, satire drôle et désespérée de notre monde moderne », on peut y voir une autre vision d’une partie de l’histoire des peuples amérindiens telle que racontée dans les manuels scolaires. Le scénariste inclut en effet quelques références historiques, toujours sur un ton sarcastique, comme le recrutement de soldats amérindiens durant la Seconde Guerre Mondiale, « Cette libération vous est offerte par Mulligan’s Tradition », ou la rebaptisation des Indiens par des prénoms européens –comme ce fut le cas notamment à la Carlisle Indian School en Pennsylvanie, ouverte en 1879 (l’année où, tiens donc, Irving Mc Mulligan a son idée d’Indiens en conserve). Ou encore, l’arrivée du photographe-ethnologue Edward S. Curtis qui crée ici le 21ème volume de sa collection célèbre et controversée « The North American Indian » en faisant poser la famille Sioux et le couple français devant son objectif.



      Cette BD joue avec les clichés sur les Amérindiens mais elle est aussi et surtout documentée, notamment en ce qui concerne les références historiques et linguistiques –on y retrouve quelques mots en langues Lakota et Inuit. Et de ce fait, le second degré qui la domine requiert une lecture à deux niveaux : texte vs. dessin, conserve vs. nature, monde occidental du 21ème siècle vs. peuples amérindiens du 19ème siècle, histoires vs. Histoire, humour vs. gravité.

      L’histoire est racontée d’abord sous forme de journal tenu par l’homme charentais, entrecoupé par un feuillet descriptif sur « L’Indien en conserve » (sa physiologie, son mode de reproduction, ses relations avec le Cow-boy, ...), ou par le mode d’emploi de ces Indiens domestiques –une parodie des publicités et produits mettant en scène les stéréotypes qui collent toujours à la peau des Indiens d’Amérique dont cette « parfaite harmonie avec une nature généreuse et préservée ».

      Finalement, à l’image de la nature reprenant ses droits sur le monde moderne, au fil des pages, le dessin prend le dessus sur le texte qui disparaît presque totalement. Un dessin à l’aquarelle, léger et pur, qui colle bien avec l’idée du journal ou carnet de voyage, des belles couleurs, une mise en page et un découpage originaux, et une complémentarité entre l’image et les mots qui ajoute encore à la qualité de cet album qui fait partie de la sélection officielle d’Angoulême 2010.

      Une BD hors du commun à découvrir, à lire et à relire !

- Mc Bouille -

« La Saison des Flèches. Omaka Wanhin Kpe»
de Samuel Stento & Guillaume Trouillard
104 pages. 20EUR.
ISBN : 978-2-9519498-9-8