samedi 6 février 2010

Drame de la rue Léopold

La vie reprend peu à peu son cours dans le centre de Liège, après l’explosion qui causa la mort de 13 personnes au début de la semaine passée. Vient maintenant l’heure des questions et des responsabilités dans cette affaire qui a secoué tous les Liégeois. Tous, car Liège, et encore plus le quartier du centre, est comme un gros village où tout le monde se connaît plus ou moins et où l’on croise toujours les mêmes « gueules ».

Mais qu’est-ce qui a causé cette catastrophe ? La justice enquête. On parle d’un propriétaire peu scrupuleux, de services publics qui n’avaient rien vu venir, d’une locataire dépressive et suicidaire ou encore d’un bourgmestre à plusieurs casquettes et pris dans un conflit d’intérêt entre son rôle de bourgmestre, et donc ses responsabilités quant aux services de police et des pompiers, et son rôle de d’administrateur de l’ALG (Association Liégeoise du Gaz). Le samedi précédant l’explosion, une forte odeur de gaz avait été signalée dans l’immeuble qui a explosé, mais les pompiers, la police et l’ALG venus sur place avaient conclu à une fausse alerte. Cela n’aurait donc aucun rapport avec l’explosion quelques jours plus tard ? Avouez que c’est un peu gros comme coïncidence, non ?

Depuis l’accident, la presse loue l’efficacité des hommes politiques liégeois, notre bon Willy en tête, car ils sont organisés, prompts à réagir et ouverts à la communication avec les journalistes. Pourtant une question me brûle les lèvres… Ne pouvait-on pas prévoir et n’est-ce pas justement le rôle des hommes politiques ? Tout le monde à Liège connaît l’état pitoyable de nombreux bâtiments des quartiers Léopold et Cathédrale-Nord. De très belles façades, mais souvent des ruines où habitent peu d’avocats ou de médecins, mais beaucoup d’étudiants, de chômeurs ou de travailleurs à faibles revenus, ne pouvant pas louer d’autres logements que ces appartements aux loyers abordables (+/- 300 à 500 euros par mois), mais souvent à la limite de l’insalubrité.

          J’ai vécu dans un bâtiment du même acabit dans le centre de Liège pendant deux ans, en colocation. Un bâtiment à l’architecture magnifique, mais pourri de toutes parts. De l’extérieur, l’immeuble semblait d’ailleurs abandonné, mis à part le rez-de-chaussée où se trouvaient un « phone-shop » et un brocanteur. Pourtant, nous étions nombreux à habiter dans cet immeuble. Des étudiants, des chômeurs ou des travailleurs à temps partiel vivant en colocation, une famille avec un enfant, ou encore la famille des gérants du « phone-shop » qui vivaient à deux couples, avec enfants, à l’arrière du magasin, dans un appartement sans fenêtres.

          Personne ne chercha à nous empêcher d’emménager, qu’il s’agisse des gens de l’ALG ou du policier de quartier, qui visitent pourtant les appartements. Au bout de deux ans, le bâtiment a été vendu à un entrepreneur et la ville l’a déclaré insalubre, ce qui a forcé les locataires à quitter les lieux pour permettre aux travaux de rénovation de commencer. Aujourd’hui, les travaux sont finis et les loyers ont pratiquement doublé…Les locataires ont évidemment tous changé…Le brocanteur est devenu une galerie d’art et le « phone-shop » un bureau d’architectes… Tout est résumé dans cet exemple. Des locataires sans le sou, des proprios refusant de faire les travaux dans leurs immeubles et des contrôles de salubrité assez « discutables ».

          Liège regorge de ces vieux immeubles aux installations de gaz et d’électricité vétustes et il ne s’agit pas que du centre-ville. Il suffit de se balader dans le quartier Saint Léonard ou rue Sainte Marguerite pour se rendre compte qu’une catastrophe comme celle de la rue Léopold a toutes les chances de se reproduire, si les pouvoirs politiques liégeois ne prennent pas rapidement des mesures pour mieux contrôler l’état des immeubles d’habitation.

Alors avant de leur jeter des fleurs pour le travail accompli pour aider les victimes, posons-nous la question de savoir si les pouvoirs publics avaient bien tout mis en œuvre pour éviter ce drame.

-Benjamin Fischer-

3 commentaires:

  1. C'est vrai que la réaction des autorités politiques a été immédiate... Pour se dédouaner de toute responsabilité.
    Je me souviens de la rue Léopold qui était une belle artère commerçante, de la rue cathédrale également, avant de devenir un chancre où la drogue et les dealers ont élu domicile. On deale en rue en plein jour, moi qui suis régulièrement dans ce quartier (pas pour dealer héhéhé!) je peux désigner les macs et les dealers sans problème tellement ils sont des habitués du quartier. J'en vois souvent tailler le bout de gras avec des flics. ça ne donne pas l'impression d'une réelle volonté d'amélioration. Quand on se balade dans ces quartiers, il suffit de lever les yeux pour voir l'état de délabrement de certains immeubles.
    Allez, ne jouons pas les étonnés!

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  2. Loin de moi l'idée de mettre des coups sur la tête des agents de l'ALG, mais parfois on peut se poser des questions.
    J'ai acheté une maison à Liège il y a 3 ans. J'ai fait poser un second compteur de gaz. Les agents passent pour effectuer le travail, ils sont deux.
    Dialogue
    Agent (dans la cave, il crie) "Voilà monsieur, vous pouvez mettre la chaudière en route"
    Moi (au rez de chaussée): "J'essaie, mais il n'y a rien qui se passe"
    A:"Essayez encore"
    Moi: "toujours rien, il n'y a pas de gaz!"
    A:"C'est que vous vous y prenez mal"
    Moi: "Ben non, je sais ce que je fais, mais vous êtes sût d'avoir ouvert le compteur?"
    A:"Oui, oui, c'est ouvert ça doit fonctionner."
    Je descend pour voir, et je constate que le compteur est fermé.
    Moi: "Mais il est fermé le compteur, vous voyez bien!"
    A: "Ah ouais! J'avais pas fait attention".
    Le suuuper pro du gaz, quoi. J'ajoute qu'en partant il a oublié tous ses outils. Je n'aurais pas dû les lui rendre, il aurait été désarmé!
    Bon, là le gaz ne passait pas, mais dans le cas contraire?

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  3. c'est vrai qu'ils ont réagi vite, mais en même temps, ça s'est passé sous leur nez et ils ne pouvaient pas l'ignorer.
    Et puis c'est leur boulot de réagir, ce qui est malheureux c'est qu'ils n'aient rien fait avant pour prévenir ce drame. Il serait temps que les hommes politiques mettent au centre de leurs priorités les gens qui les élisent.

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