vendredi 5 février 2010

Nous, ces catholiques...

      Une discussion en famille comme beaucoup d'autres: La religion chrétienne a-t-elle encore lieu d’être aujourd’hui ? Pourquoi baptiser nos enfants ou se marier à l’église lorsque l’on se considère non-pratiquant, voire non-croyant ? Pourquoi préférer un enterrement religieux si on ne croit pas en Dieu et au Paradis? La question peut paraître absurde et pourtant beaucoup se la posent. Éduqués dans une tradition, il semblerait logique de la perpétuer, mais lorsqu’il s’agit d’une tradition religieuse, cela devient un peu plus compliqué.

      Je sais, je vais faire dans le cliché, et pourtant, quelle fille n’a pas rêvé de se marier en robe blanche, et d’arriver au bras de son papa devant l’autel où l’attendraient l’homme de sa vie… et le prêtre. La présence du prêtre semble passer au second plan, comme la religion. Le mariage à l’église est devenu pour beaucoup un rite culturel plutôt qu’une cérémonie religieuse à laquelle on croit. Malgré ce scepticisme grandissant, et entre autres à cause du manque de symbolique du mariage civil, nombreux sont les non-pratiquants qui célèbrent leur mariage devant le prêtre. Hypocrisie ? Besoin de perpétuer la tradition ? Faute d’alternative **?

      On ne nie plus le déclin de l’Eglise dans notre pays. Selon une étude menée à l'UCL sur la pratique religieuse en Belgique, En 1967, 86% des gens se mariaient à l’Eglise, en 2006, ce chiffre est descendu à un peu moins de 27%. Baisse similaire pour les baptêmes, environ 94% en 1967 contre environ 57% en 2006.

      Et les chiffres ne cessent de diminuer. Selon une enquête parue dans le journal Le Soir fin janvier 2010 : 
- 60 % des Belges interrogés se déclarent catholiques en 2010 (contre 65 % en 2005)
- 14 % de la population belge avoue fréquenter régulièrement les églises (contre 46 % en 1984)
- Un tiers de la population dit n’appartenir à aucune religion.
- Près d’un quart des catholiques ne souhaitent pas transmettre leur éducation religieuse à leurs enfants.





      Pourtant, comme le souligne l’abbé de Beukelaer, « Un sondé “sans religion” sur trois croit en un certain Dieu et en une forme de “vie après la mort”.  Plus frappant encore, le nombre de catholiques pratiquants qui prient tous les jours (50 %) ou qui lisent régulièrement la Bible (39 %) augmente, ces cinq dernières années. » On peut peut-être s’en réjouir, car la disparition du religieux dans nos sociétés peut signifier la disparition d’une culture toute entière. Mais ce retour au religieux, et à la spiritualité en général,  est aussi peut-être à craindre, car elle pourrait marquer le retour d’un fondamentalisme contre lequel nos sociétés se sont battues et se battent toujours aujourd'hui. Le « noyau dur » de l’Eglise se radicaliserait-il ? L’arrivée de Mgr Léonard à la tête de l’Eglise belge ne risque en tout cas pas d’arranger les choses, creusant toujours plus le fossé entre le « noyau dur » de l’Eglise catholique et les autres « catholiques sociologiques ».

      Je terminerai par quelques chiffres parus en 2005 sur le site catholique.org. Le nombre de catholiques serait en légère hausse un peu partout dans le monde, sauf en Europe où le nombre se maintient. Aussi, le continent américain représente près de la moitié des catholiques dans le monde, l’Europe ¼, l’Afrique 13%, l’Asie 10% et l’Océanie 1%. Et environ 62% des Américains sont catholiques, contre 40% des Européens. Des chiffres à mettre en parallèle avec ceux parus dans Le Soir...

**Tomber dans les "travers" des mariages ou communions laïques qui empruntent ces rituels à la religion tout en s’y opposant, me semble absurde.


-Mc Bouille-


D'autres liens:
-"Les Suédois laïques se marient à l'Eglise"
- Le Soir: résultats du sondage sur les pratiques religieuses auprès des internautes.
- la Libre: La Belgique terre religieuse

4 commentaires:

  1. Je pense que l'homme est "religieux". Je crois que l'homme des cavernes en regardant le ciel croyait en une force supérieure. C'est l'homme qui en s'appropriant la religion en a fait un pouvoir avec les excès qu'on a connu ou qu'on connait encore. Je ne parle pas que de la religion catholique, on connait des excès dans toutes les religions. Comme avec tous les pouvoirs, on peut entendre ce que dit le patron sans pour autant être un mouton bêlant et, à l'intérieur même d'une pratique religieuse, garder un esprit critique. Un homme comme Gabriel Ringlet est un bon exemple.
    Celà dit, il me semble qu'on met moins de gants pour donner son avis sur les catholiques que sur les autres. Si on "attaque" les musulmans, on les stigmatise (superbe mot), si on attaque les juifs, attention à l'antisémitisme. On dirait que seuls les bouddhistes s'en sortent. Quand pouvoir et religion s'allient il est temps de mettre les voiles.

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  2. Dieu est un besoin pour l'homme, c'est pourquoi,en cas de guerre, par exemple, on risque bien de voir les églises à nouveau se remplir.
    Croire en Dieu ou pas, j'ai un peu peur que ça ne soit qu'une des facettes de l'appauvrissement spirituel de notre société. Le blème, c'est que on lobotomise les gens avec du matériel, de la consommation, et les valeurs spirituelles en prennent pour leur grade.
    Quant à la déclaration de pipo - je cite - "quand pouvoir et religion s'allient, il est temps de mettre les voiles!".… Je trouve ça comique!

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  3. Je pense que le déclin des religions en Europe est dû à l'aspect "liberté de penser, liberté de s'exprimer" qu'on enseigne de plus en plus, qu'on revendique de plus en plus... Pourtant, je reste persuader que l'idée philosophique véhiculée par les religions (modérée!!) n'est pas un tord, et reste un bon point dans l'éducation (pour petits et grands), et regrette un peu que les gens se détournent des philosophies, voire les détruisent, pour vivre de manières individuelles, égocentrique et sans sentiment.

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  4. 60% des "gens" se déclarent catholiques!!!??? Je n'y crois pas beaucoup. Je pense sans rire que beaucoup confondent chrétien et catholique. Avoir une référence chrétienne et être catholique sont pour moi deux choses différentes. Je m'explique :
    je peux avoir une certaine connaissance des évangiles et donc des actes et des paroles de Jésus-Christ et me dire : "ça tient la route; ce gars-là a dit des choses sensées, il les a mises en pratique et il est allé au bout de ses opinions (ça lui a d'ailleurs valu quelques ennuis...). Donc je peux m'en inspirer pour mener ma vie et mes relations avec les autres. Il se peut même que le monde s'en trouve meilleur... si pas le monde, le petit coin de terre où j'habite."
    Etre catholique, c'est avoir été baptisé dans l'Eglise catholique (romaine majoritairement en Belgique), avoir été catéchisé, recourir aux sacrements, accepter l'autorité et les positions du pape en matière d'éthique, de morale etc, des évêques... bref la structure de l'Eglise. La religion catholique comme d'autres religions (protestante, orthodoxe et autres variantes...)sont des "outils" proposés pour mettre en pratique et pour penser le christianisme. Comme tous les outils, il faut de temps en temps les nettoyer et même parfois en inventer d'autres qui conviennent mieux aux travaux entrepris même si jusqu'à présent les vieux outils semblaient convenir.
    Ce qui cloche de nos jours, c'est qu'on confond foi et religion et qu'on rejette l'un et l'autre parce que la religion-outil n'est plus tout à fait adaptée à la manière de croire. La foi ne disparaîtra pas. L'être humain a besoin de croire pour vivre. Ne serait-ce que de croire en la vie, croire qu'elle vaut la peine d'être vécue même si... et faire en sorte de toujours la choisir de préférence à la mort. Pour certains, c'est dans cet espace de choix pour la vie que se situe Dieu, quel que soit son nom.

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