mercredi 16 décembre 2009

Sans-abris à Londres : un beau conte de Noël ?





Fin octobre, je débarque à Londres. Une grande enseigne « A Christmas Carol » trône à l’entrée d’Oxford street. Et on pourrait presqu’y croire, au conte de Noël.

Car l’absence de sans-abris est frappante au centre de Londres. Il n’y en a ni dans le métro, ni dans les grandes artères commerçantes, ni dans les petites rues, ni le soir, ni le jour. Au début, j’ai trouvé cela plutôt bien. Au bout de 24 heures, c’est devenu carrément louche.


Comment imaginer une ville telle que Londres, chère, touristique, à forte population étrangère, aussi peu touchée par la mendicité ?

Il y a un truc, évidemment.

D’abord, en 1998, Tony Blair, premier ministre de l’époque, a mis en place un plan de lutte contre le phénomène du sans-abrisme, visant à réduire de 70% le nombre de « rough sleepers » (« sans-abris de la rue ») en Grande-Bretagne, entre autres par la création de structures d’accueil adaptées, la réintégration à la communauté dans la mesure du possible, ainsi qu’une analyse des racines du problème et la recherche d’une prévention efficace. Ces actions ont porté leurs fruits, et le pays s’est ainsi vu largement cité en exemple au cours des dix dernières années.

A Londres même, des « équipes de contact et d’évaluation » (CAT) sillonnent les quartiers clés et privilégient le contact persistant avec les sans-abri, ainsi que la collaboration avec les foyers, les services de santé, de soutien à location, mais aussi la police.

Néanmoins, lorsque je lis qu’il y a un an, l’actuel premier ministre Gordon Brown s’est fixé le challenge de ramener à 0 le nombre de sdf, qu’il est directement soutenu par le Maire de Londres qui en a fait son cheval de bataille, leur but étant de rencontrer leur objectif en 2012... date à laquelle Londres accueillera les prochains jeux olympiques, je me dis que les motivations ne sont peut-être pas aussi nobles que l’on voudrait nous le laisser croire.

Car en fouillant davantage, il apparait rapidement que malgré l’apparente généreuse politique mise en place, tout n’est pas rose. On recense à Londres un taux de sans-abris deux fois supérieur au reste du pays. Et plus de 50% des enfants y vivent sous le seuil de pauvreté, au sein des communautés étrangères particulièrement. Peut-être font-ils partie de ceux que l’on appelle «les SDF cachés», ces familles mal-logées qui occupent des habitations de fortune surpeuplées…



La gestion des sans-abris est par ailleurs tout à fait décentralisée et varie d’un district à l’autre (33 en tout), on retrouve donc autant de manières d’aborder le « problème » que de quartiers. Et selon un membre du GLA (l’administration chargée de la gestion du Grand Londres), « les méthodes de certaines autorités, qui pourtant font leurs preuves en termes de résultats, font parfois débat. » Il semble en effet que la police n’hésite pas à « déloger » les sdf récalcitrants et ne leur facilite pas la vie s’ils refusent les services d’aide mis à leur disposition. Dans le quartier de La City par exemple, la verbalisation est systématique pour les personnes vivant dans la rue.

Sans oublier les caméras de surveillance qui permettent de repérer et évacuer les mendiants gênants. Londres est, faut-il le rappeler, une des (si pas LA) ville où la vidéosurveillance est la plus importante.

D’après certains, ces mesures ne feraient que repousser les sdf vers des quartiers périphériques, moins surveillés.

La vérité se situe probablement à mi-chemin entre ces deux points de vue : des actions sont bien en cours, mais elles semblent parfois teintées d’hypocrisie... Espérons simplement qu’elles soient efficaces à long terme et évitent de rejeter plus loin les problèmes, car au delà des jeux olympiques, au-delà de la propreté et la tranquillité des rues et autres bouches de métro, c’est la vie de centaines de personnes qui se joue…

- Ninfa -


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